29 décembre 2014

Liberté des hommes baîllonnés

Il faut beau tenir la démocratie comme promis
Il faut beau tenir la démocratie comme promis

La journée de la liberté et de la démocratie s’est célébrée en ce début du mois de décembre. Cette 24 eme édition a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Surtout, avec les clichés de quelques problèmes que le pays vient récemment de connaître comme le soulèvement des élèves et étudiants, la pénurie du carburant que nous traversons jusqu’à présent, les doléances du peuple qui crie ‘‘cherté de vie’’, etc.
J’en profite de l’occasion pour partager ce poème engagé qui s’interroge sans cesse sur l’existence de la liberté au Tchad, en mettant en avant quelques noms inscrits sur la liste des victimes tchadiennes et dénonçant l’oppression dictatoriale, qui, depuis plus de deux (2) décennies, ne dit pas son nom. Ce poème n’est pas simplement un chant de dénonciation. C’est surtout un hommage aux disparus et aux martyrs depuis la période d’indépendance à aujourd’hui, et dont les familles endeuillées continuent d’endurer et passer des nuits blanches, le ventre rempli de faim, de peine mais d’espoir que la justice fasse un jour son travail.

Liberté
Liberté, quelle liberté ?
J’entendais des innocents pleurer
J’entendais la dictature chanter
J’entendais un homme rire
C’était l’assassin assaillant
J’entendais clamer Ibni Oumar Mahamat Saleh
Le peuple tchadien est massacré
Me disait-il ?
Liberté que chante la voix innocente
Liberté que chante Sefawad
Où existe-t-elle ?
Le sang chaud de Joseph Behidi
Décore le champ de guerre
L’hymne chanté en son honneur
Fait battre nos cœurs d’horreur
Le peuple a tant souffert
Je sentais l’odeur déchirante
Des nos guerres
Liberté
O liberté d’un peuple assis face à la tuerie
Quand te reviens-tu pour libérer
Ce peuple meurtri
Quel prix doit-on payer pour
Le sang de Brahim Selgué
Tchad ô Tchad
Rends à ton peuple la liberté
Il se dit fier de toi
Un héros mort l’arme à la main
C’était pour te défendre
Peuple sans liberté
Allons-nous vers la dignité
Allons-nous réveiller les martyrs
Sacrifiés pour la liberté
J’entendais un ton plaintif
Se désoler après moi
J’entendais des hurlements
C’étaient d’un homme qu’on assassinait
J’entendais le chant d’espoir
J’entendais Ahmat Pecos s’écrier
Peuple martyrs qui vit dans l’enfer
Comment devons-nous libérer
Nos âmes prisonnières
Liberté des hommes bâillonnés
Que tu ne sois un enfer
Pour le peuple tchadien

Extrait du livre : LES LARMES D’AFRIQUE ET LA VOIX DES ANCETRES, paru le 31 mars dernier en France, par Mahamat Nour Hassaballah Dangarama (moi-même)

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