La mendicité, une pratique en augmentation constante au Tchad

25 février 2015

La mendicité, une pratique en augmentation constante au Tchad

source photo: Séraphin Louba
Source photo: Séraphin Louba

Demander l’aumône, un don charitable est un phénomène qui s’accroit d’année en année. Cette pratique se fait dans des conditions et formes variées (à la porte des mosquées, et églises, de porte à porte, au bord des rues, aux arrêts du bus, aux gares, dans les écoles, les marchés et même aux ronds-points), avec l’utilisation des enfants pour apitoyer par la lecture d’un verset coranique ou biblique.

Ils sont nombreux, ces mendiants,  généralement des enfants âgés de 8 à 16 ans, errant dans les ruelles de Ndjamena et autres lieux publics à savoir le marché, l’école… s’exposant à tous les dangers et passent le plus précieux de leur temps à quémander. Appelés « Mahadjirines », ils sont un peu partout en Afrique. Ce phénomène prend de l’ampleur et constitue d’ailleurs une gêne pour les citoyens lambda. Parce qu’on les rencontre partout en ville. Selon une étude que j’ai faite en 2014, j’ai recensé plus de 3 000 enfants dans les rues de la capitale tchadienne.

Loin des parents, en manque cruel tant sur le plan affectif qu’éducatif, ces enfants abandonnés à leur triste sort sont on ne peut plus visibles. De plus en plus le phénomène s’accentue, mais personne ne s’en inquiète, ni l’Etat ni les organisations humanitaires. Les organisations de défense des droits de l’homme et des enfants ferment les yeux et continuent à faire comme si rien ne se passait.

Ce que nous voyons aujourd’hui, la mendicité se partage en deux catégories, la première c’est celle des ‘‘mahadjirines’’ et la seconde c’est celle des aveugles et certains handicapés physiques. Par méconnaissance, on associe souvent mendicité et religion. Il faut précise que  l’islam interdit formellement la mendicité, sauf en cas de force majeure. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui de nombreux mendiants.  Certes, l’aumône est un acte de foi. On peut donner volontairement à une personne pour la soutenir, afin de lui permettre de s’en sortir, d’aller mieux, alors que la mendicité est le fait de faire appel à cette générosité.

La mendicité avant deux décennies

Aux débuts des années 2000, la mendicité était encore une pratique rejetée, et restait marginale. Mais avec les multiples guerres, le phénomène s’est amplifié. Et ce n’est pas seulement les indigènes qui mendient, auprès d’eux on voit des Touareg du Niger qui ont dû fuir leur pays en raison des hostilités nigéro-nigériennes. Il y a aussi des Nigérians, des Centrafricains et des Camerounais. Chaque société et chaque époque s’y sont confrontées. Et aujourd’hui, certains élus estiment que la mendicité perturbe l’ordre public et veulent l’interdire. Ce qui a été fait à un moment donné, une décision qui renvoie les mendiants à une pratique nocturne.

On est conscient

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Commentaires

KUPOU Yves Olivier (TAA N'KUI)
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L'ampleur de la mendicité doit inquiéter davantage nos sociétés quant on sait que l'humanitaire , le droit de l'homme , le droit à la vie et une certaine décence doivent commander nos comportements envers notre prochain.
Cependant la politique de l'autruche qui est de plus en plus entretenue par nos politiques a transformé ce phénomène de mendicité en une gangrène derrière laquelle se cache: les souteneurs, le trafic de stupéfiant et des personnes, les agressions et vols de toutes sortes. les "nanga"comme on les appelle au Cameroun sont désormais une source d’insécurité.
Plus que jamais nous avons besoin des politiques pour combattre ce phénomène.
Frangin Mahamat Nour, chapeau !!

NOUR
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Merci pour ta contribution KUPOU. Nous sommes là à dénoncer les tares
qui minent nos sociétés. Et, ta contribution va faire avancer le débat
dans ce sujet qui doit, en principe, préoccuper tout le monde: je
parle d'une responsabilité collective.

moutouta
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L'étude d'OXFAM de 2014 a montré que 1% de l'humanité détient 50% de la richesse mondiale. Tout est dit non ?