Le port du casque : une mesure qui suscite la colère des jeunes
Au Tchad, le port du casque redevient une obligation pour les motocyclistes. Cette mesure drastique entrée en vigueur le 1er mars ne fait pas l’unanimité de tous les citoyens et particulièrement des élèves. Elle est la Une de tous les médias locaux. En effet, cette mesure a été prise les années précédentes par le ministère de la Sécurité publique puis abandonnée en raison de l’insécurité grandissante. Mais la réactivation de cette décision est mal vue par la population.
Les élèves qui utilisent cet engin ont boycotté cette mesure musclée venant du gouvernement et affiché leur colère par une série de manifestations. Depuis la prise de cette décision, les casques ont doublé, voire triplé de prix : 7 500F, 10 000F, et 15 000F au lieu de 2 000F et 5 000F, témoigne un élève. Ces derniers jours, les élèves ont séché les cours et sont massivement descendus dans les rues de la capitale pour dire non à cette décision gouvernementale. Ils arrachent et détruisent les casques que les motocyclistes ont accepté de porter.
La police qui est chargée de mener cette opération visant à arrêter et amender toute personne circulant sans casque s’est heurtée à une contestation radicale des élèves. Pour le Ndjamenois que je suis, c’est une véritable chasse à l’homme que l’on observe depuis le début de ce mois, car la police fait des élèves sa proie. Elle les traque de lycée en lycée. C’est ainsi que certains grands établissements ont décidé de fermer leur porte jusqu’à nouvel ordre. Et même si le port du casque doit être la priorité de tous les motocyclistes, c’est une question de sécurité et non une obligation. L’attitude brutale des forces de l’ordre (la police, la gendarmerie et tout autre corps qui a pris part à cette opération) réduit les citoyens à rien.
Je me demande pourquoi le gouvernement exige le port du casque, alors qu’il y a quelques années, le même gouvernement l’avait formellement interdit ? Prendre une telle décision à mon avis implique aussi qu’il faut empêcher l’entrée des stupéfiants au Tchad, traquer les grands bandits dits « coupeurs de route », arrêter les auteurs de la corruption et voleurs des biens de l’Etat.
Le 9 mars a été une journée très chaude. Les élèves du grand lycée Félix Eboué de Ndjamena se sont insurgés contre la répression policière. Ils ont semé la terreur, brûlant des pneus sur la voie publique. Les forces de l’ordre n’ont pas hésité à s’introduire à l’université de Ndjamena. Elles ont lancé des gaz lacrymogènes jusque dans les bureaux administratifs ce qui a augmenté la tension. Bilan : un étudiant mort, de nombreux blessés, une série d’arrestations, et on parle même de policiers tués, ainsi qu’un bus de transport d’étudiants brûlé…
Vingt-quatre après, j’ai été témoin d’un accident à Diguel Dinguessou, banlieue de la capitale. Occupant tous les ronds-points de la ville depuis quelques jours, la police a perdu des hommes ce jour-là. Pourchassant un motocycliste sans casque, le véhicule de la police a fait un tonneau après avoir été dribblé par le motocycliste, trois morts sur le champ.
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