Les élèves tchadiens et la langue de Molière

Les élèves tchadiens, surtout ceux de la terminale, et leur façon de s’exprimer en français me font honte au dos tant qu’ils n’ont pas froid aux yeux. Etant un tchadien, passé par ce stade-là, je m’empresse de meubler ce questionnement : Pourquoi passer 12 ou 13 ans sur le banc de l’école et ne pas savoir bien parler la langue dans laquelle on étudie ?
Les portes des écoles vient de s’ouvrir il y a peu, et les élèves se trouvent déjà face à ce problème qu’ils ne veulent pas ou ne peuvent pas résoudre : parler en arabe local tchadien en classe. Cette pratique inévitable, depuis toujours, se passe dans les milieux dits nordistes où la langue française est très peu utilisée. Ne dit-on pas souvent que la langue est la première des intelligences ? Pourquoi ces élèves ne justifient-ils pas leur intelligence ? J’entends dans les examens ‘‘les langues vivantes’’. Une langue, dans ce cas, peut être comme un être vivant. Il faut l’utiliser, l’entretenir pour qu’elle vive toujours.
Revenons à nos moutons, une fois de plus ! Je vois aujourd’hui avec un grand étonnement le fait que les élèves tchadiens de la terminale qui, à quelques mois d’affronter l’examen du bac, ne savent pas s’exprimer bien en français, langue dans laquelle ils composent le baccalauréat. Souvent, en plein cours, ils parlent entre eux en arabe, et très peu peuvent s’exprimer loyalement avec leurs enseignants.
Problème de communication en classe. Je me demande comment un élève peut bien apprendre ses leçons et réussir à la fin de l’année ?
Dans les cours de nos collèges et lycées, on trouve des groupes d’élèves causant et discutant sur divers sujets d’actualité, mais pourquoi pas en français ? Quand ils essaient de ‘‘consommer’’ la langue française dans ce genre de causerie-débat et qu’un d’entre eux commet un lapsus ou s’exprime maladroitement, ils se moquent de lui bruyamment en lui disant : « tu as massacré des blancs », « tu as massacré le français »… un déluge d’ironies, l’autre pris de peur hésite.
Par contre, dans les milieux dits sudistes, les élèves s’expriment en français haut et fort. Comme à l’accoutumée, ils parlent cette langue à l’école comme à la maison. Ils se ruent tous les après-midi vers les bibliothèques, les centres culturels et les maisons des jeunes qui sont des lieux de brassage ethnique et religieux afin de se cultiver : lire des livres, assister à des concerts musicaux et prendre part à des conférences. Aujourd’hui, ils prônent le respect et l’amour du prochain, et ils rêvent tous d’œuvrer pour le devenir de leur pays. La jeunesse doit suivre un tel exemple pour que Tchad ait plus des jeunes éloquents et ingénieux que de compter sur les ignorants qui prétendent tout connaître et n’œuvre que pour la promotion de leur famille ou leur région.
Les conséquences de ‘‘je suis scientifique’’
Il est d’usage qu’au Tchad les élèves orientés vers séries scientifiques ont tendance à négliger ou réduire à rien le Français et la Philosophie qui, d’après eux sont des matières littéraires. Le constat est fait. Aujourd’hui, dans tous les domaines, on parle mal en français, notamment dans les grandes administrations. Très peu d’intellectuels dans la plateforme pour dénoncer les maux et réclamer le droit du peuple. Pour que ces faits ne reproduisent pas, il faut qu’on sensibilise les jeunes et les encourager à beaucoup lire.
L’Etat, les enseignants, les parents dans une sphère plus modeste, les élèves éveillés doivent se lever comme un seul homme et combattre ce mal.
Commentaires