Tchad : l’insalubrité, un défi à relever
Visiblement, le manque d’assainissement comme le laisse percevoir les ordures, les bas-fonds acrimonieux – fiefs des moustiques – à la place des parcs de loisir et de divertissement, une odeur nauséabonde qui se fait sentir partout et des endroits qui éveillent l’envie de vomir. Une ville de près de 3 millions d’habitants, la capitale tchadienne, N’Djamena est confrontée à une explosion démographique qui l’expose à une insalubrité menaçante. Tel dans un film d’horreur, les poubelles occupent les devantures des habitations, la beauté paysager de la contrée est quasiment absente, la saleté y fait son lit. Cette pourriture se matérialise par les caniveaux remplis et bouchés des débris ménagers. Dans le 5e arrondissement, on peut noter Ridina, repère des quartiers les plus sales de la commune mais le même désordre est aussi observé dans beaucoup d’autres secteurs.
Crédit photo/Yacoub Doungous Crédit photo/Yacoub Doungous
En vérité, aucun quartier n’est épargné du phénomène de la pollution. Mais exagérément, certains endroits offrent un spectacle diapré et agité, devant leurs boutiques des attirails, les détaillants apostrophent les passants qui circulent déjà sur une route tapissée des vide-ordures. Au cœur d’une joyeuse cacophonie, la vision de monticules de déchets, repérables à tous les coins de rues de la ville, déconcerte.
L’éloignement et l’insuffisance des bacs de collecte d’ordures, poussent la population à adopter un comportement pernicieux – utilisation de la voie publique, des caniveaux comme dépotoirs – qui ne sont pas sans conséquences sur la santé et l’environnement, odeurs fétides, prolifération des moustiques, contamination des sols et des eaux souterraines, nid pour les mouches et d’autres insectes – qui font profiter les maladies comme la fièvre typhoïde et le paludisme. Sur ce point, les responsables en charge assurent ne pas avoir de données précises, il est donc très difficile de déterminer dans quelle mesure une affection est due à l’insalubrité.
Pourtant, cette dernière est une maladie potentiellement mortelle causée par des piqûres de moustiques femelles infectés. Elle fait ensuite apparaître très rapidement ses premiers symptômes chez l’homme. Fièvre, maux de tête, frisson, vomissement peuvent être aussi modérés. Les enfants ne sont pas du reste, ils développent une anémie sévère et une détresse respiratoire consécutive. Selon l’OMS, en 2015, 212 million de cas de paludisme et 429 million de décès ont été enregistrés. Ce qui donne un chiffre approximatif à la moitié de la population mondiale qui était exposée au risque de contracter la parasitose.
Combinés à l’extrême pauvreté, ces facteurs entraînent une surcharge financière qui entrave l’accès des familles aux services de soins ainsi qu’un environnement protecteur pour les enfants.
Avec une population estimée à plus de 2 million d’habitants, N’Djamena éprouve des difficultés pour la gestion de ses déchets et ordures pour éviter tout danger. Alors, face à cette menace qui pèse, que doit faire la municipalité ? Et que doivent faire également les populations qui sont directement concernées ?
Le diplômé de l’université catholique de Lille Hamit Hissein, après une observation de l’environnement économique, social et culturel, a décidé de créer une structure d’assainissement dénommée Toumaï Terre Propre (TPP). Membre de plusieurs organisations, Hamit Hissein, a initié deux associations, les Amis de la Nature et de l’Environnement du Tchad (ANET) et l’Association Sauvons les Enfants et les Femmes (ASEF).
De nos jours, la gestion des déchets ménagers est un défi majeur pour les grandes villes en Afrique précisément au Tchad, elle devient un véritable problème des municipalités et de la population pourtant la gestion des déchets constitue un moyen important pour le développement et l’essor de la société. Les municipalités rencontrent des difficultés importantes pour assumer correctement ce service afin d’embellir les villes et les rendent plus attrayantes. Ainsi après l’observation de l’environnement et les échecs des politiques publiques, je me suis poser la question comment pourrais-je réussir sur l’échec des autres? D’où l’idée de créer TTP n’est pas seulement d’assainir la ville mais collecter les déchets pour recyclage. Au cœur de nos activités se situe l’économie verte (L’économie circulaire). Nous tenons plus au compostage des déchets pour booster la production agricole. Explique-t-il.
Nous avons commencé avec les actions de sensibilisation de la population pendant 3 mois, ensuite nous avons mis sur pied un système d’abonnement mensuel par ménage et l’enlèvement des déchets s’effectue 2 fois par semaine. Nous avons été primé meilleur projet lors du salon Tchad Talents en Novembre 2015, aujourd’hui, nous avons utilisé juste ce fonds pour le démarrage de nos activités. Nous étions aussi primés lors du sommet de l’Entreprenariat de Leadership à Paris (France) en Mars 2016. La réussite de ce projet, c’est la compréhension de la population et l’accompagnement de l’Etat et les partenaires du Tchad sur les questions de développement et la protection de l’environnement puissent s’impliquer, confie-t-il.
Aujourd’hui, nous sommes confrontés aux difficultés d’ordre financier et la mauvaise perception d’une partie de la population qui nous confond avec la commune qui ne fait pas actuellement ce service. J’invite la population à abonner à nos services de ramassage et d’avoir un esprit de protection de l’environnement afin qu’ils fassent le tri a la base depuis chez eux pour que nos agents collecteurs (Eboueurs) puisse avoir une tâche facile et le recyclage aussi peut être moins coûteux pour nous, conclut-t-il.
On est conscient !
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